|   | Poésie 
            Un jour Bacchus ayant vu que SilèneDormait profondément, prit sa coupe, et sans gêne,
 Dans le cellier, à l'aise il s'attabla,
 Près d'une amphore pleine
 Où reposait un vieux vin, qu'avec peine
 Son ami conservait pour des jours de gala.
 Il but pendant le triple du dixième
 Du temps qu'à boire seul Silène eût employé
 Pour vider l'amphore elle-même ;
 Mais Silène survient, et son chagrin extrême
 Dans le reste du vin est aussitôt noyé.
 Quand l'amphore fut vide,
 Avec regret Bacchus vit que sa part
 Du précieux liquide
 N'avait été que tout juste le quart
 De celle de Silène.
 Si, tout d'abord, d'une commune haleine,
 Chacun buvant à sa façon,
 Ils s'étaient réunis, ils auraient mis, dit-on,
 Huit quarts d'heure de moins pour épuiser l'amphore.
 Comment l'a-t-on su ? Je l'ignore.
 On veut, d'après cela, trouver exactement
 Le temps que chacun d'eux eût mis séparément,
 Si, buvant seul, de la même manière,
 Il avait mis à sec l'amphore tout entière.
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